TMS dans l’hôtellerie : femmes et valets de chambre, un métier à bout de bras
Les troubles musculo-squelettiques (TMS) représentent un enjeu majeur dans le secteur hôtelier. Affectant en grande majorité les travailleurs en première ligne, et notamment les femmes et valets de chambre, ces pathologies sont souvent la conséquence de conditions de travail difficiles.
Dans un contexte où l’hôtellerie est un pilier du tourisme, comment ces travailleurs de l’ombre sont-ils impactés par les TMS, et quelles solutions peuvent être envisagées pour améliorer leurs conditions de travail ? Moovency vous propose un tour d’horizon autour du sujet.
L’hôtellerie en chiffres
L’hôtellerie est un secteur clé de l’économie du tourisme, offrant confort et services à des millions de voyageurs chaque année. Mais derrière la clientèle, ce sont des milliers de travailleurs qui s’activent en coulisses pour assurer un service irréprochable.
📊Quelques chiffres clés de l’hôtellerie en France
- 16 850 établissements et 652 000 chambres en France.
- 170 191 emplois recensés en 2021.
- 217,4 millions de nuitées enregistrées en 2023, faisant de l’hôtel le premier mode d’hébergement collectif touristique en France.
- Une diversité de métiers allant du directeur d’hôtel au réceptionniste, en passant par les cuisiniers, gouvernants, sommeliers, la lingerie, les techniciens de maintenance et bien sûr, les femmes et valets de chambre, rouages essentiels du fonctionnement hôtelier.
Si le secteur hôtelier est dynamique et en constante évolution, la question des conditions de travail reste un enjeu majeur. Derrière l’image d’accueil et de service, certaines professions, comme celles des femmes et valets de chambre, sont exposées à une forte pénibilité physique, souvent sous-estimée.
Les TMS en hôtellerie : panorama général
L’impact des conditions de travail sur la santé des employés de l’hôtellerie est considérable, comme le montrent ces données de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) :

Les TMS représentent 93% des maladies professionnelles dans ce milieu, contre 87% en moyenne dans les autres secteurs d’activités. Ces chiffres illustrent la complexité du problème des TMS dans l’hôtellerie, une difficulté pour les employeurs qui s’ajoutent à celles du recrutement et de la fidélisation des salariés dans ce secteur.
Focus métier : Les femmes et valets de chambres
Les femmes et valets de chambre sont chargés d’assurer l’entretien et la propreté des chambres ainsi que des parties communes d’un établissement hôtelier. Bien plus qu’une simple mission d’entretien, leur rôle est indispensable car il contribue directement à l’image et au confort de l’hôtel. A partir des consignes de travail et du planning journalier, les principales tâches sont les suivantes :
- Préparation du matériel : réapprovisionnement du chariot d’entretien en produits de nettoyage.
- Nettoyage des chambres :
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- Aération et évacuation du linge sale.
- Dépoussiérage du mobilier, aspiration et lavage des sols.
- Remise en ordre du lit (en recouche ou mise à blanc).
- Réapprovisionnement en produits d’hygiène et accessoires de commodité.
- Nettoyage des parties communes : couloirs, salons, escaliers, ascenseurs…
- Réponse aux sollicitations des clients : demande de linge, produits supplémentaires ou demandes diverses.

Selon la densité des périodes (par exemple : hôtel complet en haute saison) ou des aléas liés à la clientèle, la charge de travail peut s’intensifier considérablement. Dans ce contexte, les femmes et valets de chambre doivent accélérer leur cadence, insister davantage sur certaines tâches, tout en respectant un temps imparti à la réalisation des tâches, liées à des contraintes d’exigence.
Une pénibilité accrue des tâches
Cette pression constante, combinée aux sollicitations et contraintes physiques du métier peut ainsi conduire à de nombreux risques professionnels :
Aux origines des risques, des postures et mouvements contraignants :
- Une station debout prolongée avec des déplacements fréquents et des piétinements ;
- Des positions accroupies pour assurer le nettoyage de certains endroits ;
- Une répétition des gestes sur le nettoyage ;
- Des sollicitations excessives du dos, liées aux manutentions de charges (sacs de linge, matelas, aspirateurs…) ;
- Déplacement fréquent de matériel lourd : chariot d’entretien, mobilier.
Avec des facteurs aggravants, souvent liés à l’organisation du travail :
- Cadences élevées et délais restreints avec parfois des pauses limitées ;
- Manque de rotation sur les tâches et défaillance du travail en équipe ;
- Horaires atypiques ;
- Du matériel parfois inadapté ;
- Des environnements de travail inadaptés mal conçus (escaliers, espaces étroits rendant le travail plus difficile) ;
- Stress et tension dus aux imprévus, interruptions et aux exigences des clients.
Quels risques sur la santé ?
Ces conditions de travail parfois inadaptées entraînent des pathologies et des accidents, tels que des douleurs au dos et aux articulations, des chutes de plain-pied ou de hauteur et des risques chimiques et psychosociaux. Lorsqu’une femme ou valet de chambre effectue son travail, elle/il sollicite de fait au quotidien : le dos, les épaules, les coudes et les poignets. Les TMS les plus récurrents associées à la profession restent la lombalgie, les tendinites ou encore le canal carpien.
Ces risques entraînent ainsi un coût humain et économique pour les employés et les employeurs : usure physique prématurée, désinsertion et défi de la reconversion professionnelle, arrêts de travail fréquents, difficultés à recruter et fidéliser du personnel, augmentation des cotisations pour les maladies professionnelles.
💡La pénibilité du métier des femmes et valets de chambres est depuis plusieurs années au cœur des revendications sociales. En 2021, une grève emblématique des femmes de chambre a mis en lumière ces problématiques.
Face à ces constats, quelle démarche de prévention à adopter pour les femmes et valets de chambre ?
Travailler autrement : une prévention durable
Face aux risques liés au métier de femme et valet de chambre, il devient essentiel de mettre en place une stratégie de prévention efficace et durable. L’objectif ? Améliorer les conditions de travail, préserver la santé des employés et garantir une meilleure qualité de service dans le secteur hôtelier. Plusieurs leviers d’action peuvent être mobilisés pour réduire les TMS, limiter la pénibilité du travail et renforcer la sécurité des employés.
Évaluer les risques : faites un état des lieux de l’environnement et de l’organisation du travail.
Adapter le matériel et la conception de l’environnement : optez pour une motorisation des chariots un matériel de nettoyage plus léger et maniable et adapter le mobilier aux contraintes humaines (hauteur, poids et volume du mobilier).
Adapter la charge de travail organisationnelle :
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- Faciliter l’alternance posturale et la rotation des tâches ;
- Faciliter l’entraide ou le travail en binôme pour plus de confort et de variété des rôles ;
- Réduction du nombre de chambres à faire selon l’âge (plan senior) et selon la pénibilité.
Renforcer la communication interne : améliorer la remontée et la descente d’informations, à la fois sur l’aspect organisationnel (planification, anticipation de la charge de travail et gestion des aléas) et renforcer le signalement des problèmes (dysfonctionnements, matériel défectueux, premiers signes d’inconfort).
Impliquer les salariés : dans une démarche participative, sensibiliser aux risques professionnels et former les salarié(e)s à leur prévention.
Moovency vous accompagne
Chez Moovency, nous accompagnons les entreprises et leur salarié(e)s dans la mise en place de stratégies de prévention adaptées aux réalités du terrain. Notre équipe d’ergonome, tous IPRP, intervient sur tout le territoire pour former vos salarié(e)s aux risques de TMS.
Équipés de notre solution Kimea, ils pourront de manière ludique et pédagogique, analyser votre activité, former vos équipes et vous accompagner dans la mise en place et le suivi de vos actions de prévention. Visualisation en temps réel du risque biomécanique de TMS, Kimea vous permettra de fournir à vos équipes un support visuel et concret à une problématique qui peut parfois paraître théorique et lointaine aux équipes terrain. A cela, ajoutez l’expertise de nos ergonomes qui pour mener à bien leur mission intégreront tous les facteurs de risques et vous obtiendrez une analyse à 360° de votre activité, préconisation et plan d’action à l’appui. Parce que personne ne doit choisir entre sa santé et son travail !
Sources :
- Direction Générale des Entreprises – Hôtels et hôtels de Tourisme https://www.entreprises.gouv.fr/espace-entreprises/s-informer-sur-la-reglementation/hotels-et-hotels-de-tourisme
- GHR (Groupement des Hôtelleries et Restaurations de France) – Hôtels, refuser les risques du métier https://www.ghr.fr/emploi-formation-handicap/actualite-2024/hotels-refuser-les-risques-du-metier
- Horizon Santé Travail – Livret Hôtellerie, Prévenir les troubles musculosquelettiques https://www.horizonsantetravail.fr/nouveau-livret-hotellerie-prevenir-les-troubles-musculo-squelettiques/
- INRS – Hôtellerie, Prévenir les risques professionnels https://www.inrs.fr/metiers/commerce-service/hotel.html#9ecb99d8-c49b-45ab-adc1-29e95e7686f0
- INRS – Brochure ED 991 « Femmes de chambre et valets dans l’hôtellerie » https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%20991
- Insee – Tableau de bord de l’économie française, Tourisme https://www.insee.fr/fr/outil-interactif/5367857/tableau/70_SAC/77_TOU
- Observatoire Akto – Panorama Statistique Emploi et Formation Professionnelle, Branche Hôtels Restaurants Cafés (HCR) https://observatoire.akto.fr/content/uploads/sites/3/2024/03/Panorama-statistique-Hotels-cafes-restaurants-Exercice-2022-Rapport.pdf
- Présanse PACA Corse – Hôtellerie : dites STOP aux troubles musculosquelettiques ! https://www.ametra06.org/sites/default/files/PPT_TMS%20H%C3%B4tellerie_28.09.23.pdf