Il met sur les nerfs les DRH, les dirigeants et les services de santé au travail. Qui est-il ? L’absentéisme, bien sûr ! Depuis 2016, le taux d’absentéisme est en constante évolution dans les entreprises : de 4,8% en 2019, l’absentéisme au travail en France est passé à 5,5% en 2021. Son niveau devrait être identique ou supérieur en 2022 selon l’étude Verlingue. L’absentéisme touche tous les secteurs, aussi bien la fonction publique que le privé.
Moovency se propose de décrypter le phénomène en passant en revue les causes de l’absentéisme au travail.
Sommaire de l'article
I- L’absentéisme au travail, un phénomène en expansion
La définition de l’absentéisme au travail
Le réseau Anact-Aract, organisme public de référence sur les questions de santé au travail, définit l’absentéisme comme « toute absence qui aurait pu être évitée par une prévention suffisamment précoce des facteurs de dégradations des conditions de travail entendus au sens large : les ambiances physiques mais aussi l’organisation du travail, la qualité de la relation d’emploi, la conciliation des temps professionnel et privé, etc. ».
Cette définition lie directement le phénomène à la qualité de vie au travail.
Il y a ainsi une différence entre des absences indépendantes de l’entreprise, par exemple liées aux maladies saisonnières ou à des causes privées, qui ne sont pas problématiques en soi et lorsque le travail est directement la conséquence de l’absentéisme.
On doit donc s’intéresser au fonctionnement de l’entreprise, à la charge de travail et aux conditions de travail pour espérer réduire l’absentéisme.
Les principaux chiffres de l’absentéisme au travail
- Un salarié est absent 38 jours par an en moyenne.
- Depuis 2017, l’absentéisme a augmenté de 37%.
- 83% des absences sont liées à une maladie et 17% sont causées par un accident du travail.
- En 2021, la part des arrêts de longue durée représentait 60% des jours d’absence.
- Un salarié absent coûte en moyenne 85€ à l’entreprise pour son maintien de salaire. À l’année, le coût de l’absentéisme est de 3 293 € par an et par salarié absent.
- Les secteurs les plus touchés par l’absentéisme en 2021 sont la santé (7,7%), l’agroalimentaire (7,1%) et le commerce (5,8%).
- Le taux d’absentéisme des ouvriers et employés est en moyenne plus élevé au niveau national que celui des cadres et agents de maîtrise (7,1% vs. 3,1%).
Les causes de l’absentéisme
L’absentéisme au travail à des causes bien connues : les troubles musculosquelettiques, les facteurs de risques psycho-sociaux et les motifs personnels.
N°1 : Les troubles musculosquelettiques (TMS)
La première cause d’absentéisme reste depuis toujours liée au TMS, les troubles musculosquelettiques.
Les troubles musculosquelettiques apparaissent en cas de postes de travail non adaptés. Les contraintes biomécaniques causées par de mauvaises postures, par la répétition de gestes, par la force et la durée de l’activité font souffrir les muscles, tendons et articulations.
Chiffres
Fin 2018, plus de 23% des arrêts maladies étaient causés par des troubles musculosquelettiques.
La lombalgie aiguë est le deuxième motif de consultation chez le médecin généraliste. Elle représente 30 % des arrêts de travail de plus de six mois et constitue la troisième cause d’invalidité pour le régime général.
N°2 : les risques psycho-sociaux (RPS)
Lorsque certaines situations au travail sont désagréables pour un salarié, qu’elles causent du stress ou le mettent face à de la violence, ce dernier peut souffrir de symptômes physiques et psychiques qui donnent lieu à des absences.
L’ensemble de ces facteurs de risques sont appelés les risques psychosociaux (RPS). Selon les critères de Gollac, dispositif qui permet d’évaluer et de suivre la santé mentale des salariés, on dénombre six facteurs de risques :
- les exigences émotionnelles ;
- le manque d’autonomie ;
- la mauvaise qualité des rapports sociaux au travail ;
- la souffrance éthique ;
- et l’insécurité de la situation de travail.
Ces facteurs doivent être considérés comme étant un ensemble, et il est recommandé de ne pas les étudier séparément.
Chiffres
Le coût du stress au travail est estimé de 1,9 et 3 milliards d’euros en France (2010).
45% des actifs disent devoir souvent se dépêcher.
30% disent avoir subi un comportement hostile dans le cadre de leur travail au cours de l’année.
9% disent devoir faire des choses qu’ils désapprouvent.
N°3 : les causes personnelles
Maladie, moment de vie difficile, statut de proche aidant : il y a bien des raisons personnelles qui peuvent causer l’arrêt maladie d’un salarié.
Même si, contrairement aux TMS et aux RPS, l’entreprise n’en est pas directement à l’origine, ce motif d’absence impacte négativement l’employeur avec une augmentation du taux d’absentéisme.
C’est la raison pour laquelle certaines entreprises mettent en place des actions ciblées pour venir en aide aux salariés en difficulté dans leur vie personnelle.
Conclusion
Les causes de l’absentéisme au travail sont multiples (et parfois se cumulent) : troubles musculosquelettiques, risques psycho-sociaux, motifs personnels. Les entreprises ont leur rôle à jouer.
Mesurer le phénomène en interne est la première étape d’un plan de prévention plus large qui permette de limiter les absences répétées.
On pense à travailler sur les conditions de travail pour limiter les cas d’absence ainsi qu’à mieux accompagner les opérateurs sur le lieu de travail à leur retour afin d’éviter de nouveaux arrêts.
Sources de l’article :
• 14e Baromètre de l’absentéisme et de l’engagement : quand la crise sanitaire devient une crise de l’engagement au travail, AG2R La Mondiale et Ayming, 2022
• “L’absentéisme en France poursuit sa hausse : + 37% en 4 ans”, Culture RH
• “Verlingue publie son 1er Baromètre Absentéisme”, Verlingue, 2022.
